JOURNAL PIVOT – EN CLASSE LE SAMEDI POUR NOUS RENOUER AVEC LA CULTURE HAÏTIENNE

Chaque samedi, des enfants de Montréal renouent avec la culture haïtienne grâce à des cours uniques offerts par Centre Toussaint. Ce projet éducatif et culturel est né d’un besoin criant : transmettre aux nouvelles générations les savoirs, les langues et les traditions de leurs ancêtres. À travers des chants, des jeux et des leçons interactives, Centre Toussaint leur ouvre les portes d’un héritage précieux.

Un samedi pas comme les autres

Léa Beaulieu-Kratchanov, journaliste au Journal Pivot, est venue assister à une classe du samedi au Centre Toussaint, un an après son inauguration. Ce qu’elle a découvert l’a profondément touchée : des enfants curieux, engagés, qui apprennent en s’amusant et une éducatrice passionnée qui pose des questions pour éveiller la réflexion.

La richesse d’un enseignement vivant

Pendant la visite, Léa a vu bien plus qu’un simple cours. Elle a été témoin d’un moment de vie, rythmé par les rires, les comptines et les sauts à la corde dans la cour. Ces activités font partie intégrante de l’approche pédagogique du Centre Toussaint, qui favorise l’apprentissage immersif et ludique. À travers cette ambiance chaleureuse, les enfants s’approprient leur histoire et leur identité.

Renouer avec la culture haïtienne dès l’enfance

L’article souligne la rareté de ce type d’initiative à Montréal. Très peu d’espaces offrent un tel programme enraciné dans la culture haïtienne, avec une vision panafricaine affirmée. C’est précisément cette singularité qui rend la mission du Centre Toussaint si essentielle. Renouer avec la culture haïtienne dès l’enfance permet aux jeunes de bâtir une estime de soi solide et un sentiment d’appartenance durable.

En conclusion

L’article de Journal Pivot vient rappeler l’importance d’initiatives comme celles du Centre Toussaint pour préserver et célébrer la culture haïtienne auprès des plus jeunes. 

Alors, pourquoi ne pas inscrire votre enfant à nos cours du samedi pour qu’il découvre lui aussi les richesses de son héritage culturel?

Fais-moi savoir en commentaires si toi aussi tu trouves que les samedis devraient toujours rimer avec culture et fierté.

Voici les liens importants

Voici le lien original de l’article : https://pivot.quebec/2023/04/26/en-classe-le-samedi-pour-renouer-avec-la-culture-haitienne/
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Auteure: Sly Toussaint

En classe le samedi pour renouer avec la culture haïtienne

Le Centre Toussaint a pour mission de faire rayonner la langue et la culture haïtienne à Montréal.

Depuis son inauguration en septembre dernier, le Centre Toussaint offre des cours de créole à tou·tes, un service qui se fait plutôt rare à Montréal, où la communauté haïtienne est pourtant importante. Pour celle qui porte ce projet, Sly Toussaint, il est essentiel d’assurer la transmission de la culture de son pays d’origine aux jeunes d’aujourd’hui.

Samedi midi, à Ahuntsic, une dizaine de jeunes prennent place dans la salle de classe du Centre Toussaint pour y apprendre le créole haïtien.

« Kisa sa ye? », demande-t-on en pointant la photo d’une chèvre à l’écran. La leçon d’aujourd’hui porte sur les animaux. Pour ces jeunes, dont certain·es commencent à peine à écrire en français, la tâche n’est pas simple.

« Kabrit! », crie le groupe à l’unisson en prenant soin de noter l’orthographe. Pas de répit pour ces élèves du primaire qui continuent d’étudier, même la fin de semaine, pour apprendre ce que les écoles du Québec n’enseignent pas : la culture, la langue et l’histoire haïtienne.

Celle qui porte ce projet depuis ses tous débuts, c’est Sly Toussaint. Née à Montréal, elle a passé une partie de son enfance en Haïti.

« C’est là-bas que j’ai acquis toutes mes connaissances sur la culture, sur ma famille, sur mes ancêtres, sur moi-même », explique-t-elle. De retour à Montréal, elle est vite devenue la référence en matière de culture haïtienne dans son entourage.

Si bien, qu’en 2019, elle commence à enseigner le créole. « Quand j’ai commencé ça, c’était gratuit, dans mon sous-sol, il y avait des chaises, les gens écrivaient sur leurs genoux », raconte-t-elle. « Un jour quelqu’un m’a dit : “c’est vraiment cool ton organisation”. J’ai ri. »

Mais de fil en aiguille, l’idée de créer quelque chose de plus permanent a germé. Aujourd’hui, au Centre Toussaint, les cours se sont diversifiés pour inclure la danse, l’histoire, la musique, la cuisine…

Faire le pont entre les générations

Depuis la création du centre, Mme Toussaint porte tous les chapeaux : c’est elle qui enseigne, mais aussi qui assure la gestion et le marketing. Mais le jeu en vaut la chandelle pour la jeune femme qui s’est donné la mission d’assurer la transmission de sa culture.

« On constate ce problème-là dans notre génération, [la langue] c’est quelque chose qui se perd beaucoup », explique-t-elle. « Surtout quand on pense à nos grand-parents, il y en avait qui ne parlaient même pas le français du tout. »

« Moi, je dis souvent, que des fois, on veut tellement donner ce qu’on a pas eu qu’on oublie de donner ce qu’on a. »

Sly Toussaint

Elle explique que les parents ont tendance à parler créole entre eux, mais à communiquer en français avec leurs enfants.

« Nos parents ont dû se déraciner, venir au Québec, parfois reprendre leurs études, parfois marcher sur leurs égos pour avoir des emplois, gagner leur vie et nous donner des opportunités », rappelle-t-elle en expliquant comment, dans ce contexte, la transmission de la langue ne représente pas toujours une priorité.

« Moi, je dis souvent que des fois, on veut tellement donner ce qu’on a pas eu qu’on oublie de donner ce qu’on a. » Selon Mme Toussaint, c’est seulement plus tard, trop tard, que certain·es constatent une perte culturelle importante.

« Il y a de plus en plus de gens dans ma génération qui commencent à avoir des enfants et constatent que les enfants ne peuvent pas parler en créole avec les grands-parents », raconte-t-elle. « C’est là qu’ils comprennent toute l’importance de préserver la culture. »

Retour à la culture

Au Centre Toussaint, après la leçon en classe vient le temps d’apprendre une chanson créole traditionnelle. Et quoi de mieux pour les petit·es qui ne tiennent plus sur leurs chaises que de poursuivre leur apprentissage dehors en… sautant à la corde.

« Mayi a nan solèy, chi poul, chi poul! », chante le groupe en encourageant tour à tour les sauteur·euses. « De men nan tèt, de men sou kote, de men nan fouk. Chire! » La comptine est bien connue en Haïti, mais pas facile de la retrouver au Québec.

Les enfants pratiquent leurs pas de danse en rigolant. | Photo : Léa Beaulieu-Kratchanov

Au début, les jeunes la récitent lentement, avec hésitation, puis peu à peu chantent plus fort. En sautant, on apprend que la comptine raconte l’histoire d’une poule (poul) qui a mangé un épi de maïs (mayi) et dont le propriétaire, découvrant le méfait, est dépité.

Ça peut sembler anodin, mais à travers les cris et les fous rires, il se fait là la transmission d’un petit bout de culture.

Valoriser l’histoire haïtienne

Dans les médias, lorsqu’on parle d’Haïti, c’est pour décrire des malheurs, des séismes et de l’instabilité politique, remarque Sly Toussaint. On oublie souvent l’histoire unique du pays qui fut le premier à se libérer de l’esclavagisme et du régime colonial français.

« On est souvent invisibilisé dans l’histoire du Québec », remarque-t-elle en déplorant comment l’histoire haïtienne et des communautés noires, plus généralement, n’est pas discutée dans les salles de classe au de la province. « Ça donne l’impression qu’on vient tout juste d’arriver […] on n’a pas l’impression qu’on a autant le droit d’être là, qu’on a notre place dans la société. »

« C’est important de montrer toutes les facettes, toutes les histoires, pas juste celles qu’on veut. Comme ça, on n’est pas invisibilisé. […] Qu’on ait notre place, c’est quelque chose qui fait vraiment plaisir aux jeunes. »

« On est souvent invisibilisé dans l’histoire du Québec. Ça donne l’impression qu’on vient tout juste d’arriver […] on n’a pas l’impression qu’on a autant le droit d’être là, qu’on a notre place dans la société. »

Sly Toussaint

Lorsqu’elle pense à l’impact d’une telle approche auprès de ses élèves, Mme Toussaint est catégorique. « Ils ressentent de la fierté, c’est toujours flagrant », explique-t-elle. « C’est de l’estime de soi, c’est la capacité de se voir refléter dans l’histoire du monde. »

Les cours offerts au Centre Toussaint sont ouverts aux petit·es et grand·es, toutes origines confondues, qui souhaitent en apprendre davantage sur la langue, la culture et l’histoire haïtienne.

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